Santé: les aliments à bannir et ceux à privilégier pour éviter un cancer
Ne
pas consommer d'alcool ou de compléments alimentaires, faire du sport,
abuser des fruits et légumes mais pas de la viande rouge, de la
charcuterie ou du sel, rester mince et, pour les femmes, allaiter.
Voilà les conseils que les médecins sont invités à prodiguer à leurs
patients pour diminuer les risques de cancers, dans une brochure
préparée sous la houlette de l'Institut national du cancer (INCa) et
présentée mardi à la presse.
"La
consommation de boissons alcoolisées régulière, dès un verre d'alcool
par jour, augmente le risque de différents types de cancers", a
expliqué Paule Martel, directrice de recherche à l'Institut national de
la recherche agronomique (INRA). Cancers de la bouche, du pharynx et du
larynx, de l'oesophage, du côlon, du sein et du foie, le risque est
multiplié de 9 à 168% par verre bu par jour, selon l'organe concerné.
"Un verre par jour, ça finit par faire beaucoup d'alcool et c'est ça
qui, à la longue, augmente le risque de ces cancers", insiste Mme
Martel.
Le surpoids et l'obésité accentuent aussi les risques de
cancer, de 8 à 55% selon la localisation: oesophage, col de l'utérus,
rein, côlon, pancréas, sein et vésicule biliaire.
Les soupçons
qui pesaient sur la viande rouge et la charcuterie ont été confirmés
par de récentes études. Les risques de cancer colorectal s'accroissent
de 29% par portion de 100 grammes de viande rouge mangée par jour et de
21% par portion de 50 grammes de charcuterie.
Coordinatrice du
NACRe (Réseau national alimentation cancer recherche), Paule Martel
recommande de "consommer moins de 500g de viande rouge" par semaine. Au
quart de la population française qui dépasse ce seuil, elle suggère de
trouver leurs protéines davantage dans les poissons, les volailles et
les oeufs.
Plus d'un quart de la population mange au moins 50g de
charcuterie par jour, alors que "ce sont des aliments à consommer en
petites quantités et peu fréquemment", ajoute-t-elle en refusant
toutefois de fixer un plafond à respecter.
Les Français sont également encouragés à ne pas manger trop salé car cela favorise les cancers de l'estomac.
Les
compléments alimentaires sont aussi à éviter, surtout ceux à base de
bêta-carotène. A fortes doses, ils "augmentent les risques de cancer du
poumon chez des personnes qui ont été préalablement exposées au tabac
et à l'amiante", avertit Paule Martel. Au lieu de manger "n'importe
comment" et de compenser "en prenant des pilules miracle", elle
conseille de "rechercher toujours une alimentation diversifiée et
équilibrée".
Cela passe notamment par les fruits et légumes, qui
réduisent les risques de cancer de la bouche, du pharynx, du larynx, de
l'oesophage, de l'estomac et du poumon. Ils ont en outre "un effet
indirect" puisqu'ils "contribuent à éviter le surpoids et l'obésité".
La quantité recommandée est d'au moins 400g par jour sous forme de cinq
fruits et légumes.
Le sport également. Il diminue les risques de
cancers du sein, du col de l'utérus et du côlon. Pour ce dernier type
de maladie, la diminution va de 18 à 29% selon le type d'activité et
son intensité.
Les enfants et les adolescents devraient bouger au
moins une heure par jour (jeux, sports et activités de la vie
quotidienne). Les adultes devraient faire une demi-heure d'activité
physique modérée (type marche à pied) cinq jours par semaine ou 20
minutes d'activité intense (type jogging) trois fois par semaine.
Enfin,
l'allaitement a aussi des vertus anti-cancérigènes. Il réduit les
risques de cancer du sein. Les mères sont donc invitées à allaiter leur
enfant, "idéalement" jusqu'à ses six mois, recommande Mme Martel.
Adaptée
du rapport "Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of
Cancer: a Global Perspective" publié en novembre 2007 par WCRF/AICR
(World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research),
cette brochure produite à 70.000 exemplaires va être distribuée dans un
premier temps aux médecins traitants. AP